Wiki La Grande Bibliothèque des Explorateurs
Advertisement

« Nous retournâmes, chacune à notre vie, pour nous retrouver une fois par semaine dans le palais, et raconter nos histoires aux nouveaux Frères et Sœurs, et pour servir d'instructeurs de la Voie de l'épée. Tout allait pour le mieux, jusqu'au soir du festival de mi-l'an.

Tout notre peuple se réjouissait et… pardon… savourait le festin, à l'exception de mes cinq Sœurs et moi-même. Il se trouve que le festival tombait cette année-là au jour de notre rendez-vous dans le Palais, notre jour de prière et de jeûne et de révérence à la Voie de l'Épée.

Alors que nous nous retrouvions, tard dans la soirée, l'on frappa un coup à la porte. Lorsque j'ouvris le battant, je vis un garde du col de Bangkoraï, blessé, au bord du trépas… il nous relata une trahison au nord, une invasion fomentée par Hauteroche, dirigée par le roi Joïle de Daguefilante… notre allié dans la guerre contre Orsinium !

Aussitôt, nous usâmes d'un cristal de soins pour le ramener à la santé. Nous l'envoyâmes auprès du roi, tandis que nous autres prenions nos armes et notre armure de pouvoir, et autant de potions, marques et cristaux et anneaux que nous pûmes en porter.

Nous filâmes vers le col, espérant contre tout espoir que nous n'arriverions pas trop tard. Notre voyage ne fut pas vain, car nous arrivâmes à l'instant même où les trois derniers gardiens étaient débordés par la horde. Nous courûmes dans le col, formant l'antique ligne de bataille, six de front. Oh, par mon souffle, quel COMBAT.

Le Chant de l'épée fut un chant de joie tandis que nous fauchions les rangs de ces malfaisants intrus. Nous combattîmes pendant des heures. Julia fut la première à tomber, la dague empoisonnée d'un lâche trouvant un défaut dans son armure. Puis, l'une après l'autre, toutes, sauf moi.

…Oh, cruel destin… alors mon épée bien aimée, l'épée de mon père, celle à l'emblème du serpent, fabriquée par le maître forgeron Tansal, se brisa entre mes mains. Tout était perdu, nous avions sacrifié nos six vies en vain. À présent, tous allaient pouvoir se déverser par le col. Je serais une proie facile pour eux, comme un nouveau-né. Je versai des larmes de rage.

Puis je me rappelai le foyer de notre maison… et le livre. Le livre des cercles de Frandar Hunding, la voie de la stratégie. Je cherchai ma Shéhaï, mon épée spirituelle, celle qui ne se formait jamais de manière utile. Et ce jour, elle prit vit. Une vie de flamme. Elle se forma au creux de main. Pleine de vie, de puissance… oh, que je tuai avec force, de droite et de gauche, telle une faux sur les tiges de blé. Jusqu'au seigneur de Daguefilante, je combattis. D'un coup, je brisai son armure magique, et d'un autre, lui décollai la tête du corps.

Mais ce coup de grâce me coûta beaucoup, des blessures par dizaines, car bien que mon armure fût magique, elle n'était pas formée d'esprit comme mon épée, elle n'était pas aussi inaltérable que mon épée ou mon esprit, et je fus grièvement blessée.

Au trépas du roi Joïle, l'armée se décomposa. Les soldats prirent la fuite devant mon courroux. Tous détalèrent par le col sans même marquer le temps pour ramasser leurs morts ou leurs blessés. Tous ceux qui tenaient encore debout prirent leurs jambes à leur cou, et j'abattis tous ceux qui passaient à ma portée, mais mon souffle se faisait court, et la douleur…

Enfin, je me reposai, sur ce rocher où vous me trouvez encore à présent. J'ignore par quel hasard j'ai apporté cette pierre. Je l'avais prise par caprice, à dire vrai, avec le butin de… Ah, je pense qu'il est temps de m'interrompre, et de reprendre mon récit en séquence. Je ressens le besoin de vous en dire davantage… la nuit éternelle descend plus lentement que je le craignais.

L'heure n'est pas encore venue de composer mon poème de mort. Une gorgée d'eau, et… je reprendrai mon récit de ma vie, peut-être quelques détails sur cette bataille. Eh, oh, oui, Raliph. Raliph et nos enfants, hmm, par où commencer.

…Oh… Oooh…

Je ne suis… qu'une simple guerrière. Je grandis… parmi… les Sœurs de l'épée spirituelle… Aussi tôt… aussi tôt… que je me… rappelle…



Advertisement